Par Leila 

Déjà quand j’étais petite, je trouvais cela très bizarre que l’on nous dise que les déchets polluent mais qu’en même temps tous les aliments que j’achetais étaient emballés, je trouvais cela totalement contradictoire mais c’est vrai que l’on s’habitue à tout.

Cependant, ma vie continuant son chemin, j’ai pris de plus en plus conscience que tous ces emballages polluaient les océans. J’en parlais souvent avec des amis, avec mes proches et tout le monde maintenait l’idée qu’il était impossible de vivre autrement. Les arguments qui revenaient le plus souvent était qu’aller dans les épiceries bio revenait trop cher, que maintenant tout était vendu sous emballage, que c’était impossible de changer. Je me résignais alors à continuer ainsi, à accepter les choses et à continuer à vivre en utilisant plein d’emballages qui finiraient dans les océans.

Mais peu à peu les choses prirent un autre tournant. J’étais au chômage et étais assez déprimée, c’est là qu’est arrivé le Covid. C’était très drôle parce que grâce au Covid, ma culpabilité de ne pas trouver du travail à fortement diminué, car, effectivement, tout était fermé et on ne pouvait pas faire grand chose. C’est là qu’à côté de chez moi un jardin collectif s’est ouvert. Avec une amie qui était elle aussi en burn out et en transition, nous avons décidé de nous mettre à fond dans ce jardin collectif, d’y être tous les jours ou presque. Nous avons retourné la terre, disposé de la drêche sur le sol pour le fertiliser, nous avons ensuite commencé à planter les différents fruits et légumes. À côté de ce jardin collectif, s’est aussi ouverte une épicerie « La Fermette » avec des produits locaux. Alors, toute notre production de fruits et légumes était directement vendue à la fermette. Le jardin offrait aussi la possibilité de faire de la cueillette de fraises par exemple.

Là, s’est passé un changement dans mon esprit. Déjà, j’avais appris à cultiver des plantes, ce que je n’avais encore jamais fait et cela m’a amenée à être plus proche de la terre et à apprendre comment elle fonctionne. Je trouvais cela complètement étonnant de découvrir comment une petite pousse, une graine peut devenir une plante magnifique et produire des fruits délicieux. De plus, comme notre production était directement vendue à la Fermette, je voyais directement le chemin de la terre à l’assiette. Je me rendais compte que ce que l’on considère parfois comme quelque chose d’extrêmement compliqué est en fait tout simple. Le fruit de notre travail bénévole était directement distribué aux habitants du village. Je vous dis que si on m’avait donné 1’000.- par mois pour rester travailler à mis temps au jardin, je l’aurais fait parce que la source de satisfaction et le sens de ce que je faisais était totalement présent. Mais, ensuite, le temps a passé, j’ai retrouvé un travail et je n’ai plus eu beaucoup de temps pour le jardin.

Malheureusement, étant totalement à côté de mes pompes, mon nouveau travail n’a pas duré très longtemps. Mais, grâce à la déception et au retour à la case départ, j’ai fait une vraie introspection pour voir ce qui comptait vraiment dans ma vie. Evidemment, ce genre de choses ne se font pas en une fois. Alors, entre doutes et difficultés, je cherchais désespérément un moyen de refaire ma vie autrement. En effet, j’avais vécu un grand bouleversement qui m’a obligé à changer radicalement et je peux vous assurer que c’est loin d’être facile. Mais c’est quelque chose à faire, car, même si l’on veut recommencer comme avant, eh bien, on n’y arrive pas, on a ouvert une porte qu’il est impossible de refermer. Et cela vaut pour soi-même comme pour son rapport à la nature. C’est-à-dire que cela ne sert à rien de continuer comme avant… ça ne va pas marcher !

Alors, étant dans cette remise en place de mes priorités et de mes valeurs, je suis allée à un cercle de femmes, histoire d’essayer de me recentrer aussi en tant que femme dans cette société. C’est là que devant moi était posé un Tarot. Je peux vous dire que je ne crois pas trop aux choses ésotériques mais bon je me suis dis « Tirons une carte de Tarot, on ne sait jamais ». C’est là que j’ai tiré la carte de la déesse Sedna qui signifie l’abondance infinie. Alors j’ai lu les conseils de la carte qui me disait de m’engager dans une action qui était bénéfique pour les océans. Quand j’ai vu la signification de l’abondance infinie, je me suis dit qu’étant au chômage, ce n’était pas trop l’abondance infinie mais effectivement m’occuper des océans ça me bottait bien. Et en élargissant sa pensée, on peut tout à fait concevoir que l’abondance infinie vient de la nature et du soin qu’on peut lui porter. Pendant des mois, cette carte a trotté dans ma tête sans bien savoir ce que je pouvais faire pour m’occuper des océans.

C’est là que, pendant l’été, j’étais sur LinkedIn pour justement chercher un job et j’ai vu un documentaire fantastique sur une île en Grèce qui fonctionne en mode zéro déchet. Tous les habitants de l’île, ils sont 824, se sont mis d’accord pour ne plus faire de déchets et invitent les touristes à faire de même. Je me suis dit alors que c’était formidable et j’ai fait un lien avec la fameuse carte de Sedna. En effet, essayer de vivre avec le moins de déchet possible était une excellente manière de m’occuper des océans et peut-être d’une certaine manière à contribuer à l’abondance infinie de la nature. Dans la même semaine, je vois encore sur LinkedIn une autre proposition. C’était le « challenge zéro déchet de juillet ». On pouvait participer à ce challenge et faire en sorte de n’utiliser aucun emballage pendant le mois de juillet.

Comme je m’absentais quelque jours je me suis dit « dès que je reviens, je m’y mets, c’est terminé les emballages » c’est là que pendant mon absence j’ai vu un autre reportage qui parlait d’un avocat indien qui avait acheté un appartement à côté d’une plage qui était remplie de déchet et s’est mis à inciter la population à nettoyer toute la plage, ce qu’ils ont réussi à faire en cinq ans et la plage est maintenant absolument magnifique. De plus, je me suis rappelée d’un film qui s’intitule « Demain Genève » qui parle d’un grand nombre d’associations à Genève qui fonctionnent sur un mode écologique.

Ainsi, quand je suis rentrée à Genève, j’ai commencé à changer ma manière de faire les courses. Je n’achète plus rien qui est emballé. Je vais chez le boucher, le poissonnier, à la ferme pour les fromages avec mes tupperwares et je vais acheter mes légumes en caissette à l’Union maraîchère. Et pour ce qui est des denrées sèches, telles les pâtes, le riz, les lentilles, je vais au Nid. Cela a demandé une petite organisation mais vraiment ce n’est pas difficile. Il suffit de vraiment se rendre compte à quel point ces emballages sont nocifs pour notre vie sur la planète. Il suffit juste d’être enthousiaste, de faire un tout petit pas vers un changement vraiment bénéfique pour nous.

Cette nouvelle manière de faire les courses est super. D’un côté on a, effectivement, moins de choix de denrées parce qu’il y a moins de produits vendus en vrac, mais d’un autre côté, cela rend plus créative dans la conception de ses repas et quand on va au restaurant on se réjouit vraiment de manger quelque chose d’inhabituel. Pour le prix, cela ne change absolument rien, je pense même que c’est moins cher et de plus on n’achète pas de mets pré cuisinés souvent pas super pour la santé.

Du coup, je suis très contente, je me dis que tout cela peut contribuer à une toute petite échelle à protéger la nature. Mais cela a pris plusieurs années et a été accompagné aussi d’un changement de conscience dû aussi aux difficultés de la vie. Je pense qu’il ne faut pas attendre ces difficultés qui vont forcément arriver pour prendre réellement conscience que la vie est précieuse et qu’il faut faire de son mieux pour faire son travail d’humain.e c’est-à-dire respecter sa nature et la nature.