Par Andréa et Pia, Novembre 2021


On le sait, le Nid n’est pas une épicerie comme les autres. On l’aime pour tout ce qu’elle représente et pour tout ce qui s’y passe. La question de savoir si elle est chère s’est posée à plusieurs reprises et dans différentes instances depuis sa création. Ou peut-être n’est-elle pas assez chère puisqu’on peine encore, après trois ans d’existence, à trouver le bon équilibre financier ? A qui faut-il se comparer ? Comment ? Avec quels outils ? Essayons de tirer les choses au clair.


Comment se forment les prix de vente au Nid ?

Le Nid, comme toute entreprise, doit payer ses charges fixes tous les mois : le loyer, les salaires de nos trois employé.es, l’électricité, les assurances, l’informatique, etc. C’est la marge brute qui le permet, c’est-à-dire la différence entre le prix de vente et le prix d’achat de la marchandise. Cette marge brute est aujourd’hui de 26,5% (selon décision de l’AGO du 14 avril 2021).

Est-ce trop, beaucoup, pas assez ?

Les comparaisons sont difficiles car les informations complètes et transparentes manquent. Toutefois, selon une étude de 2017 relayée par la RTS[1] et qui a fait grand bruit, la Migros aurait dégagé en 2015 une marge brute de 40,2%, la plus haute d’Europe. Et Coop arrive en seconde position avec 29,8%. Sur les produits bios, ces marges seraient encore plus élevées selon les données recueillies par la FRC[2]et Bilan[3].

On le voit, question marge, le Nid n’a rien à se reprocher.

Tout cela ne signifie pas que les prix au Nid sont peu élevés. Ils dépendent du prix d’achat. 

Le prix juste

La philosophie du Nid est de payer un juste prix aux productrices et producteurs. C’est le cas pour les produits locaux mais aussi lorsque les produits viennent de loin (café, thé, chocolat, certaines épices). Nous sommes d’accord, il n’est pas question de contribuer à la crise de la paysannerie en rejoignant les groupes de pression qui tentent de baisser continuellement les prix. Les productrices et producteurs doivent être rémunéré.es de façon à ce qu’ielles puissent vivre correctement du fruit de leur travail. Ces principes sont ceux de la charte du Nid (et on le sait, le Nid est une épicerie, mais pas que…)

Nous vous renvoyons sur le sujet de la dépendance des producteurs vis-à-vis des supermarchés et de l’énorme pression exercée par ces derniers, à l’excellent documentaire d’Arte « Hypermarchés : la chute de l’empire »[4]

A qui faut-il se comparer ?

Le Nid est une épicerie dont les produits sont dans leur grande majorité locaux, bio et en vrac.

La comparaison avec la grande distribution, Migros, Coop, Lidl. n’est pas forcément pertinente. On ne régate pas dans la même catégorie, en termes de volumes, de capacités de stockage, de valeurs, même si les exemples cités plus hauts montrent que, sur certains articles, nous proposons des prix très intéressants à qualité égale voire souvent bien supérieure.

Nos partenaires seraient plutôt le Local Bocal, la Ferme de Budé, Chez Mamie, Le marché de vie aux Eaux-Vives, la Fève SPP.

En septembre 2020, une équipe d’Espace entreprise a été mandatée par Après pour faire une étude comparative des prix des produits bio dans les supermarchés et les épiceries membres d’Après. Elle a collecté les prix des différents produits bio pouvant être achetés à Genève dans les magasins traditionnels, magasins bio, épiceries participatives, en direct chez les producteurs et en ligne (Magic Tomato, Farmy). Au départ, 95 articles ont été sélectionnés puis, pour une parfaite comparabilité, ce nombre a été réduit à 30. 

Les résultats viennent de paraître récemment. Il en ressort que le Nid est moins cher, en moyenne des 30 produits analysés, que les magasins bio (-56%), les producteurs (-9%) et la vente en ligne (-31%). Il est plus cher (+18 %) que les supermarchés tels que Migros, Coop, Aldi, Lidl, Manor.

Pour les légumes et les pâtes, le Nid est le moins cher, toutes catégories confondues.

Un produit de qualité

Le prix est fonction de la qualité du produit. Le bio est plus cher que le légume arrosé de pesticides de synthèse. Il subit aussi souvent plus de pertes, lors de la production et du stockage.

Le local, produit avec les coûts suisses et souvent en petites quantités, est plus cher que la production de masse qui fait appel aux économies d’échelle, Or le Nid travaille avec des petits producteurs locaux dans toute la mesure du possible.

Il est vrai que l’on voit parfois des produits chers voire très chers au Nid. Devons-nous éviter la sauce tomate locale à plus de 10 francs le bocal ou les shampoings à près de 20 francs et essayer de trouver similaire et moins cher ?

Plutôt que de simplement supprimer ces produits (surtout s’ils se vendent : ce serait se tirer une balle dans le pied économiquement parlant), le groupe Approvisionnement et l’équipe des employés ont lancé un vaste effort pour trouver des produits plus abordables et proposer ainsi deux voire même trois gammes de prix au moins dans les produits essentiels ou de base. Aussi, des produits plus économiques mais toujours de qualité et produits par des partenaires de confiance sont arrivés récemment au Nid. En voici quelques exemples :

            – l’huile d’Olive grecque Castaway qui sera prochainement aussi disponible en vrac à moins de 13CHF le litre ;

            –  les Pelati italiens (tomates pelées en boite) de Claro à 1,71CHF;

            – les savons solides et liquides sans huile de Palme de Marius Fabre, achetés désormais directement en France pour éviter les marges des intermédiaires (nous pratiquons déjà l’importation directe pour les produits Alterosac, Damiano, Jean Hervé et d’autres).

Dans le même état d’esprit et suivant la même philosophie, les agrumes vont nous arriver à nouveau cet hiver directement de la coopérative sicilienne Galline Felici, membre du réseau d’achats solidaires, et tout ça à des prix imbattables pour la qualité et l’éthique de travail.[5]

La décision de privilégier dans tous les cas la production locale pour les fruits et légumes a aussi conduit à des baisses de prix notables. C’était le cas cet été pour les tomates, et plus récemment pour les salades ou les côtes de bettes par exemple, où nous avons pu afficher des prix jusqu’à 40% moins chers que ceux de Biopartner.

Plusieurs de nos produits supportent par ailleurs aisément la comparaison avec ceux des supermarchés.

Ainsi nos pâtes italiennes bio Byodo sont à 3.70CHF/ Kg, à peine plus chères que le premier prix bio de Migros, mais nettement moins chères que celles de la Coop. Notre dentifrice bio GRUN Menthe à 3,45CHF est 25ct plus cher que le premier prix Migros, mais moins cher à nouveau que le dentifrice bio le moins cher de la Coop.

En résumé

Le Nid offre des produits de qualité à des prix imbattables.

C’est vrai qu’il reste des marges d’amélioration possibles pour, par exemple, augmenter l’inclusivité du Nid. Un thème qui resurgit à chaque fois que l’on parle des prix.

Mais l’inclusivité doit-elle forcément passer par une baisse généralisée des prix au risque de renoncer à de nombreuses valeurs qui sont au fondement même du Nid ?

D’autres modèles seraient possibles. Un exemple ? Un projet de Joël Bovey d’Epicoop Vevey, qu’il nous a exposé lors de l’apéro-débat du 6 octobre :  vendre à prix coûtant aux personnes dans une situation financière difficile et faire financer la marge du Nid (les 26,50%) par des tiers. L’idée est très intéressante et mériterait qu’on y réfléchisse. Que les volontaires intéressés par ce sujet n’hésitent pas à se manifester !

Nous pouvons certainement faire encore mieux. Le Groupe Approvisionnement s’y attelle. Et nous serions heureuxses de te/vous voir rejoindre nos rangs si ce travail de recherche des meilleurs produits te/vous intéresse. (producteurs@lenid.ch)


[1] https://www.rts.ch/info/economie/8400435-coop-et-migros-degagent-les-plus-grandes-marges-brutes-deurope.html

[2] https://www.frc.ch/dans-le-commerce-de-detail-les-intermediaires-se-sucrent-sur-le-bio/

[3] https://www.bilan.ch/economie/surcout_des_aliments_bio_a_qui_la_faute_

[4] https://www.arte.tv/fr/videos/095178-000-A/hypermarches-la-chute-de-l-empire/

[5] https://www.legallinefelici.bio/fr_FR/website/storia

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